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Chronique de Mya – Quand l’exception américaine s’amenuise et qu’Obama s’en va

01/04/2016 Chroniques

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Obama

Obama

   C’est un jour comme un autre dans ma vie de femme marocaine. Je zappe nonchalamment et tombe sur une des chaines infos en continu du PAF. A la une, la course à l’élection présidentielle américaine avec ses deux candidats phares, Hillary Clinton et Donald Trump. L’info s’attarde sur Donald Trump, un des candidats républicains. Juché derrière sa tribune, il s’étouffe presque avec son flot de paroles et ponctue son discours d’une gestuelle de chauffeur de salle… il n’est décidément pas beau à voir.

«We’re going to do a wall! (…) (and) Mexico is going to pay for the wall! »

Pas beau à entendre non plus …«We’re going to do a wall! (…) (and) Mexico is going to pay for the wall! » il scande cette phrase comme un couperet et reçoit en écho l’enthousiasme débordant de la foule qui l’entoure. Je suis comme sonnée par ces quelques secondes de déclaration : mais quel candidat à la présidence de la première puissance mondiale peut avoir un discours aussi bas de gamme et aussi cash? Il dit littéralement vouloir construire un mur à la frontière mexicaine pour contrer le flux de migrants d’un pays (le Mexique) qui n’exporterait que  drogue, violeurs et criminels. Peut-on raisonnablement entendre ce genre de propos, au XXIè siècle en pleine course à la présidence américaine ? Non pas que ce genre de projets n’ait jamais vu le jour pour d’autres pays (je pense à la honteuse barrière de séparation israélienne), ni qu’il n’ait jamais traversé l’esprit de quelques hommes politiques d’extrême droite, mais le dire brut de décoffrage à la face de l’Amérique, sans filet, sans discours politicien, ça interpelle et ça fait froid dans le dos.

Sans vouloir stigmatiser les électeurs de Trump, il semble que son crédo : « Make America Great again » trouve écho auprès d’une plus large population qu’il n’y parait.

Donald Trump

Je suis doublement estomaquée lorsque j’entends qu’il est le favori parmi les candidats républicains. Ce milliardaire qui a construit sa fortune dans l’immobilier  est avant tout un business man avec à son actif un empire financier dirigé du haut de sa Tour Trump, mais aussi de cuisants échecs. Atlantic city dans le New Jersey, en est un exemple : cette citée  américaine du jeu dénombre des casinos Trump en faillite et une population avec un taux de chômage record, dont une partie pointe à la soupe populaire parce que Monsieur Trump a vu trop grand et qu’il se moque de laisser ses ex-employés sur le banc. Oui, c’est bien le portrait de celui qui, vraisemblablement – d’après les résultats du Super Tuesday- va s’opposer à la très sophistiquée Hilary Clinton.

   Qui donc en Amérique vote pour cette figure repoussante du camp républicain ? Celui qui se présente comme le candidat anti-establishment semble séduire en premier lieu la classe moyenne blanche victime de la pauvreté et de la récession. Trump attise dans leur cœur et dans leur esprit la haine de cette classe politique élitiste qui ne les prend pas en compte. Ses relents de repli protectionniste trouvent aussi preneur auprès d’une classe aisée conservatrice à la fois lassée des gouvernants actuels et taraudée par la peur de l’Autre, « le Mexicain », « le Musulman », « le Noir » etc . Etonnamment, il remporte aussi l’adhésion de jeunes américains, une classe d’électeurs sans doute en perte de repères dans un monde mondialisé et dont l’esprit critique n’est pas encore arrivé à maturité. Sans vouloir stigmatiser les électeurs de Trump, il semble que son crédo : « Make America Great again » trouve écho auprès d’une plus large population qu’il n’y parait.

Le repli maladif vers soi s’est répandu comme une trainée de poudre

   Alors que la campagne présidentielle américaine bat son plein, le boss actuel de l’Amérique lui, prépare son départ. Cet humaniste et un pragmatique à la fois laissera  l’image du  président Afro-Américain aux deux mandats, du communiquant hors pair…et de celui qui porte le costume cravate avec le plus de classe. Il cédera sans doute sa place à Hilary Clinton, car quoiqu’on puisse dire de la popularité de Donald Trump dans le camp républicain, nous gardons espoir, côté marocain, que l’avant-gardisme américain, porteur d’optimisme, pourra continuer d’exister sous l’ère démocrate. Finalement, la montée des populismes n’a pas épargné les plus grandes puissances occidentales, les Etats-Unis y compris. Le repli maladif vers soi s’est répandu comme une trainée de poudre y compris dans un pays issu historiquement de l’immigration. L’ascension de Donald Trump au cours de ces présidentielles américaines a confirmé qu’on ne peut hélas parler ici d’exception américaine.

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