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Chronique de Mya – Casablanca: je t’aime…moi non plus

Casablanca

 Casablanca, la ville de toutes mes envies…

Combien de casablancais ont pesté contre leur ville ? Coincés dans les sempiternels embouteillages ou allègrement arrosés de monoxyde de carbone par un poids lourd –  intrus parmi tant d’autres en plein centre-ville…

Combien de casablancais ont pesté contre leur ville ? Coincés dans les sempiternels embouteillages ou allègrement arrosés de monoxyde de carbone par un poids lourd –  intrus parmi tant d’autres en plein centre-ville – nombre de mes compatriotes ont formulé le rêve de se retirer dans une autre ville du Maroc, plus calme et plus verte. Casablancaise de souche, je me surprends à avoir le même réflexe de projection : et pourquoi pas Marrakech ? J’aime cette ville solaire, son climat sec, ses couleurs chatoyantes et ses palmiers à perte de vue. Pourquoi pas Kenitra? Voilà une ville à taille humaine pas si loin de Casablanca, au trafic fluide, avec la côte de Mehdia comme atout certain. Quid de Rabat ? J’ai parfois soif de sa propreté, de sa verdure et de ses quartiers bourgeois aseptisés.

Je peste, je proteste, je me projette…mais je sais qu’au fond de moi, subsiste un attachement quasi-viscéral à ma ville. Elle agit comme un aimant anesthésiant mes envies d’ailleurs. Car pour être tout à fait honnête, toute projection s’accompagnant d’une planification réelle pour quitter Casablanca me déchire le cœur. Oui, c’est bien un déchirement que j’ai ressenti lorsque mon mari m’annonça un jour sa mutation possible à Rabat. Moi qui acquiesçais jadis à toutes ses projections abstraites de départs – lui, l’anti-casablancais par excellence – me voit ressentir un douloureux pincement au cœur, un désagréable sentiment d’être mise devant le fait accompli. Je n’ose pas être franche avec lui, je tourne autour du pot, j’avance des arguments rationnels contre ce déracinement annoncé : « tu sais, Rabat, par rapport ton boulot, ce n’est pas non plus le nerf de la guerre, tu y seras assez isolé » ou encore «c’est une ville presque trop calme pour des gens comme nous, tu ne penses pas ? ». Je n’assure décidément pas ce qui semble être un amour pour ma ville.

Casablanca, la ville de toutes mes envies…de partir et surtout de rester.

medina casablanca

Casa, comme disent les intimes, j’y ai planté mes territoires de jeu, j’y ai construit avec son sable et sa pierre, ses couleurs et ses senteurs l’univers idyllique de mon enfance.

Il s’agit d’un amour qui trouve racine dans les années insouciantes de l’enfance. Casablanca, c’était les campings en famille en bord d’océan atlantique, à construire des châteaux de sable un casse-croute au thon et du Fanta orange à la main, les pieds chatouillés par une mer presque impropre à la baignade, mais à l’écume tellement fraiche. C’était aussi les longues après-midi aux parcs Yasmina ou Sindibad pendant lesquelles j’avais droit à une overdose de manèges et de barbe à papa. Casa, comme disent les intimes, j’y ai planté mes territoires de jeu, j’y ai construit avec son sable et sa pierre, ses couleurs et ses senteurs l’univers idyllique de mon enfance.

Tout comme moi, la ville a grandi et a muri. Elle est devenue avant-gardiste et porte avec fierté le qualificatif de capitale économique.

Casablanca Mosquée Hassan II

Tout comme moi, la ville a grandi et a muri. Elle est devenue avant-gardiste et porte avec fierté le qualificatif de capitale économique. La voilà dotée d’un méga mall conforme aux meilleurs standards internationaux ; là voici foisonnant de marques nationales et internationales venant tirer profit du dynamisme économique de la ville. L’immobilier y est en plein boom et les promoteurs guettent le moindre mètre carré exploitable. Oui, la ville étouffe par tant de constructions et tant de voitures agglutinées dans ses artères. Mais c’est le prix à payer lorsque l’on est courtisée. Casablanca la Belle attire les investisseurs et les travailleurs, tout comme les touristes. Elle peut se vanter d’avoir sa Tour Eiffel à elle, l’imposante Mosquée Hassan II et son architecture entre bois et zellige. Casablanca combine incontestablement le charme d’une ville moderne, portant à bras le corps les traces d’un passé glorieux. Celle qui a vu naître à Anfa l’ère d’un Maroc libre, reste, malgré sa modernité, une ville humble avec sa médina, ses ruelles sans fin, ses marchés généreux et ses habitants attachants. Casablanca la Secrète a aussi ses musées, souvent inconnus du grand public, ses théâtres, ses vielles salles de cinéma, son patrimoine architectural,  bref, sa vie culturelle. Marocains, africains, français, chinois, espagnols, américains et j’en passe, habitent la ville et épousent à la fois sa modernité et son authenticité.

Il semble bien que ma relation avec Casablanca est semblable à une relation de proximité avec un être cher, une relation d’intimité dans le meilleur et dans le pire. Oui, au projet de quitter Addar Al Baydaa, je ferais décidemment toujours volte-face. Face aux projets de départs, je retournerais ma veste aussi longtemps que possible. A ceux qui veulent la quitter sans jamais vraiment partir, la ville offre dans son prolongement Bouskoura, au secours des désabusés de Casa. Un dernier cri du coeur : Casablanca, je t’aime.

2 commentaires sur “Chronique de Mya – Casablanca: je t’aime…moi non plus

  1. Zineb 16 h 05 min18/04/2016

    Belle plume ! Je partage votre avis …Casablanca est une ville qu’on aime malgré ses moults défauts

  2. Karim 10 h 21 min19/04/2016

    Il faut être casablancais pour aimer Casa…c’est une des rares villes marocaines que tu aimes détester et qui bizarrement te manque dès que tu la quittes…
    Très bel article !

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